Voici un discours de Said Chebili, un demi finaliste du 1500m d'edmonton.
On en vient à douter que ceux qui dénoncent le dopage le + vindicativement ne cache pas leur jeu. 
Mais nous partirons du postulat qu'il est un coureur sain.
En tout cas j'abonde à 95% dans son sens.

Extrait du journal l'équipe du 13/08/2001.
	  
J'ai été choqué qu'Olga Yegorova, controlée positive à l'EPO ait pu courir à Edmonton. 
Alors, on ne va pas la plaindre, surtout qu'elle a gagné beaucoup d'argent en trichant. 
Mais elle est certainement le bouc émissaire de cette affaire car beaucoup de ses adversaires 
ont dû l'imiter.
 Le dernier kilomètre de ce 5 000 m, samedi soir, a été couru en 2'41, ce n'est plus du sport
 Surtout lorsqu'on a déjà couru un 5 000 m, quarante-huit heures auparavant.
L'EPO a complètement foutu notre sport en l'air. Depuis dix ans, le fond et le demi fond 
c'est devenu n'importe quoi. 

Imaginez, quand Said Aouita est descendu pour la première fois sous les 13' sur 5 ooo m,
on se demandait alors si, un jour, ce record serait battu. Àouita était un immense talent 
en plus quelqu'un de très rapide. 
Alors quand des athlètes débarquent et courent en largement moins de 13', on se moque du monde.
Pauvre Aouita. Et aujourd'hui on parte de la barrière des 12'30 ! Alors que rien ne justifie
cette évolution des performances.
Depuis les années 1980, il n'y a aucun vrai grand changement dans les méthodes d'entrainement.
 On n'a rien inventé depuis, simplement les méthodes, d'évaluation sont devenues plus précises, 
plus élaborées. Alors, cette énorme progression des performances depuis quelques années 
n'est explicable que par l'utilisation de 1'EPO.
 
"De toute façon, tout le monde le sait dans le milieu. 
Il sufflt d'aller sur les lieux des stages, d'entraînement pour s'en rendre compte.
 Quand on connait l'athlétisme quand on voit les séances de certains, c'est risible.
 On sait sait très bien qu'il est impossible de faire des entrainements à fond du début à la fin.
 Quand je vois un athlète effectuer des séries de 10 x 400 m en 52" avec une minute
de, récupération, c'est invraisemblable. 
Moi, si je fais un tiers de leurs exertices, je suis anéanti. Nous, on s'entraîne dur et 
parfois, justement on tombe dans le surentrainement.
Mais, eux, jamais ! Et c'est ce que permet l'EPO, c'est à dire d'accumulation de séances lourdes
sans problême. 
Car il faut bien comprendre que l'une des qualités fondamentale pour être performant c'est la
capacité de récupération. Et c'est là, surtout le grand apport de l'EP0.
Alors, bien sûr, c'est très bien de faire des controles EP0 lors d'un grand
Championnat  mais l'important serait de faire des contrôles inopinés lorsque les athlètes sont
 en stage.
Là, on ferait un carton.
Mais les compétitions aussi ont été tronquées depuis des années.
 
Le pire pour moi s'est produit lors du 1500 m des Championnats du monde à séville, en 1999. 
J'étais effondré. Je me suis dit : l'athlétisme, c'est terminé. Après les séries, les
dèmi-finales, la course s'est gagnée en 3'27"', et il y avait,cinq gars en 3'31" et moins. 
Là franchement ils ont poussé le bouchon trop loin.
« Il, n'y a pas, aujourd'hui, un record du monde de valable dans le fond 
et le demi-fond. »

Heureusement à sydney, c'est redevenu plus humain. Bien sûr, il y a cette question de la 
« sursaison », c'est-à-dire le fait que les Jeux se disputaient assez tard, fin septembre,
mais l'athlète qui prépare les Jeux, il ne court pas beaucoup de meetings, il décale sa 
préparation. 
Aussi, je crois surtout, qu'ils ont eu peur des contrôles. 
Ils ne maîtrisaient pas le problème. 
Alors ils ont fait attention.
Quand on voit un athlète qui, d'ordinaire et même dans des courses élevées, arrive sans 
paraitre fatigué, s'écrouler aux Jeux à l'arrivée d'une course plutôt lente alors qu'il y 
avait justement des contrôles EPO, c'est qu'il y a un problème.
De toute façon, il existe une règle simple en fond et demi-fond : on ne devient pas subitement 
fort on ne se découvre pas, un jour, des capacités aérobiques. 
Jeune ou lors de ses premières courses si l'on a commencé tard l'athlétisme, on est fort et 
puis après, on se met à s'entraîner et alors on progresse. 
Moi, dans les catégories jeunes, j'étais champion de France avec 50 m d'avance. 
C'est normal qu'ensuite, en travaillant j'ai pu faire de bons temps. 
Il y a une cohérence comme pour Mehdi Baala qui gagnait déjà chez les jeunes.

Chez certains, ce n'est pas le cas. Et ceux-là, je ne peux pas les regarder normalement. 
Je ne les considérerai jamais comme des victimes. Pour moi, aucun Occidental ne peut
avoir d'excuse pour se doper. 
En effet s'il n'est pas assez bon en sport, il a la possibilité de travailler pour gagner
sa vie. 
Je n'ai aucun respect pour eux. 
Et quand je les vois en compétition, je me dis : Toi, j'espère que tu tomberas un jour. 
En plus ils sont fiers, ça c'est exaspérant.
 Ils te prennent de haut ils viennent te voir et ils te disent : "II faut que tu t'entraînes
plus et toi, tu sais que t'es à fond, c'est horrible. 
" Alors, quand je lis dans le journal qu'il y en a un qui s'est fait prendre, ça fait plaisir.
C'est d'ailleurs les seules rubriques que je lis dans l'athlétisme.
 Mais jusque-là, l'EP0 n'était pas détectée.
Le contrôle de Yegorova tombe bien.
Cà serait formidable si on pouvait mettre un bon coup de pied dans la fourmilière. 
Bien sur, ça mettrait le doute sur tout le monde mais il faut en passer par là. 

Moi, le dopage m'a pris beaucoup. 
Quand j'étais jeune, je rêvais d'un podium aux Jeux où aux Championnats dû monde. 
Je ne saurai jamais ce que j'aurais pu faire sans cela, je crois en essayant d'être
objectif que je n'aurais pas été loin d'un podium tandis qu'aujourd'hui, je suis à la ramasse. 
C'est même impossible de suivre le rythme. 
Et c'est complètement différent de courir à 50 m des premiers et de courir avec eux. 
Moi, mon meilleur temps,je l'ai fait à la bagarre au contact des premiers, là j'ai pu me 
dépasser, oublier la douleur. 
Mais quand on est derrière, on se crispe et on se décourage. Non, je suis vraiment écoeuré
par cela et je ne suis pas le seul. J'ai un copain qui était un vral talent qui aurait
pu être trés fort et puis, devant cela, il a renoncé et préféré passer des diplômes. 
Moi, je vais faire la même chose. là, au mieux,je gagne 10 000 francs par moi. 
Ce n'est pas décent.
Je consacre ma vie à cela,je n'ai pas de vacances et tout ça Pourquoi ? 
ll faut que je me batte comme un fou pour avoir le droit de faire un meeting en début de saison
où il me faut absolument faire un temps pour espérer avoir une chance d'en courir
un autre. Alors... Oui,ce sèrait pourtant bien si les dirigeants de notre sport pouvaient
s'attaquer vraiment au problème. 

De toute façon, Personne ne veut en parler. 
Même entre nous on n'en Parle pas ou alors entre amis car on ne sait jamais à qui l'on 
s'adresse.
Enfin, s'ils font maintenant des contrôles EF0,c'est déjà bien. Car je crois que l'EP0 
n'est pas encore dépassée mais elle le sera bientôt.
Je crois en effet que certains sont Passés à autre chose. Certains managers sont malins.
lls repérent les talents et ils les chargent c'est ainsi qu'ils font le plus d'argent.
lls repèrent des coureurs africains, souvent dans les camps d'éntraînement qu'ils organisent 
sur place. 
Puis, une fois en Europe, ils leur offrent la possibillté de se doper. 
C'est comme ça que fonctionnent certaines grosses écuries.

En tout cas, une chose est sûre,il n'y a aujourd'hui pas un record du monde de valable dans 
le fond et le demi.fond.ll faudrait tout remettre à zéro. Parce que jusqu'où on va
aller ? » - J:C. C.