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Courir pour Atalante
Livret 1











Prologue:


En face d'Hermann, au loin, les pares brises des véhicules qu'il croisera lui renvoyaient un éclair bref mais intense. Suffisant en tout cas pour lui faire plisser un peu plus les paupières.
Sous l'action du soleil, le macadam s'auréolait d'une nimbe mouvante et des mirages de chaleur jetaient leurs flaques d'eau imaginaires le long de son parcours noir et blanc.
Il semblait poursuivre son ombre et la pensée que celle ci aurait bientôt démesurément grandie le fit sourire.
De toute manière, il me semble que pour la rattraper, il me faudrait aller plus vite que la lumière.
Le soir descendait donc et Hermann s'imprégnait des changements de contraste lents et subtils qu'impliquait ce fait.
Les montagnes à l'est, face à lui, semblaient comme des aimants qui conjuguaient leurs forces pour qu'elles deviennent son but ultime, son objectif hors de toute volonté consciente.

-Viens Hermann, nous t'attendons!

Est ce là que se trouve le logis d'Hermann? Nul ne le sait car qui connait Hermann?
C'est peut être la maison de son Dieu?
Un mythe indien affirme que le dieu cougar vécu dans ces montagnes.
Mais Hermann n'est pas indien! Enfin, il n'en a pas l'air.
Pourtant il connait cette légende, la preuve.





Chapitre 1
Action

Le Dieu cougar trouva une tannière à son goût au dessus des nuages. Son pelage blanc immaculé, le cachait merveilleusement au milieu de la nève des cimes et gare aux animaux imprudents qui vaquaient en ces lieux par temps de neige.
Parce que, ces jours où ces nuits là ; invisible, Il chassait,.

Voici quelques siècles, un de ces soirs de chasse, un homme passa près de son poste d'affût.
C'était pleine lune et les raies lumineuses irradiant du pourtour sélène découvraient des paysages normalement invisibles à cette heure tardive.
Quelques minuscules flocons voltigeaient péniblement et le vent se remarquait par son absence.

« Qui est ce sot qui ne connait ma légende et qui brave mon territoire? Un homme, soit, voici un met de choix! »

L'attention de l'homme fut d'abord alertée par des branches de pinèdes qui froissant le silence ambient semblaient ondulées sans raisons apparentes. Il s'immobilisa et scruta attentivement le flanc enneigé de la montagne.Spontanément, juste sous la petite forêt de sapins, elle même située sous un promontoire rocheux, des trous se formèrent sur la neige immaculée.
Quelque chose dévalait la montagne et tracait comme sillage une piste ponctuée de marques profondes qui rapidement le rejoindrait.

Oh non!, Ca ne ressemble vraiment pas à une coulée de neige.

L'homme ôpiniatre, bifurqua à l'inverse de la direction que prenait ce mystère inquiétant et se mit à courir.

Ses mocassins crantés crochaient une neige dure en surface mais légère en dessous.
Le Dieu cougar, lui, s'enfoncait dans cette neige dont la croute superficielle craquait désagréablement sous ses imposantes pattes.
Jamais, non, jamais le DC n'avait connu l'echec.
Le sprint des premiers instants passés, s'était transformé en une course où proie et chasseur ne ralentissaient qu'en raison de leurs limites physiologiques et de la qualité des terrains qu'ils traversaient. Des feulements impatients s'échappaient maintenant du gosier de DC.
Durant plus d'un quart d'heure, ils coururent, jusqu'à une faille ...que l'homme franchie d'un bond alors que cougar s'y abima lorsque la pierre qu'il choisie pour donner son impulsion,se déroba sous ses pattes d'appel.

Alerté par le chambardement provoqué par la chute du cougar suivit d'un silence soudain, l'homme osa pour la première fois jeté un regard derrière lui.
Il ne vit que ses propres pas qui reliaient le bord du gouffre. Il stoppa son élan par étapes.
Il scruta les parages. Puis se rapprocha précautionneusement du bord de l'abime et, dans une position prompte à déguerpir, parvint à sonder de son regard aiguisé les paroies de la crevasse.
Une trainée noire salissait le mur de glace qui s'enfoncait à ses pieds.Sans doute qu'une lumière plus vive eut trahie sa nature sanglante.
Le fond était trop éloigné et il ne distinguait plus rien après 10 où 15 mètres.
Un râle inhumain monta soudain des profondeurs opaques.

Haletant, les poumons révoltés, l'homme s'assit sur une roche affleurante surplombant ce qui pourrait bientôt devenir un cerceuil de glace et, son calme retrouvé, il ouvrit la petite sacoche de peau qui pendait à son flanc. Il porta à sa bouche trois feuilles vertes qu'ils macha conscienseument avant de les caler sous sa langue.
Puis, il se mit à entonner, les yeux mi clos, des mélopées répétitives et douces.
Bientôt, il rythma ses chants en balancant son corps d'avant en arrière. Doucement. Imperceptiblement.

Lorsque le soleil triomphant commenca à effacer par strates le gris de la nuit, il n'avait pas dormi.
Il se leva en crachant une bouillie informe puis s'ébroua en attendant que les rayons révèlent le fond du trou.
Un sourire plein de force illuminait son visage.
La glace était bien rouge à l'endroit qu'il avait repéré hiers.Le dieu animal avait du percuter l'arête de la crevasse avant de choir dans le vide.
Les minutes passaient et l'humain devinait maintenant une masse inerte à une quinzaine de mètres en contrebas.
Il extirpa de son sac à dos un cordage solide qu'il noua autour d'un épicéa, puis, après avoir testé la solidité de l'ensemble, il descendit à la force de ses bras tout en prenant appui aves ses chausses contre la paroie glacée.
Il rejoignit le fond et posa pieds à une vingtaine de mètres de son objectif qui ne bougeait toujours pas.
Il dégaina un coutelas d'os taillé et enjambant un maelstroem de pierres et de congères qui jonchaient le fond du gouffre, il se rapprocha de DC.

Le dieu fauve vivait.
Son pelage taché de sang le rendait accessible à l'oeil.
Ses narines palpitaient faiblement et des spasmes brefs agitaient parfois ses paupières closes.

L'homme leva son arme, et, le coeur battant,le regard bizarre, approcha ses doigts de l'animal idolatré.



Chapitre 2
VISION DU PURGATOIRE

Parmis d'autres âmes au delà de la vie, l'esprit d'Atalante errait.
Son univers était un composé de sensations, de vision intérieures et parfois de souvenirs fugaces d'une existence différente.
Un avant indistinct dont la réminiscence émouvait le tréfond de la femme immatérielle sans qu'elle n'eut put en définir précisement les raisons.
Tout ici n'est qu'espoir où desepoire.
L'on est sourd et pourtant l'on entend.On voit alors que tout est noir alentour.
Une multitude réside en ce lieu et en cet instant. L'entité Atalante percoit des sentiments issus d'autres entités. Toutes tentent de communiquer. Des cris au secour qui ne résonnent d'aucun sens.
La sensation principale qu'Atalante ressent? C'est une chute interminable dans un trou noir.
Une accélération perpétuelle dans un cylindre qui vibre des appels psychiques des âmes qu'il aspire depuis la nuit des temps. Un froid glacial accompagne les chuteurs.
Le temps n'est plus. Le temps n'est pas.
Parfois quelque chose sonde l'esprit d'atalante et s'échappe rapidement avant qu'elle ne puisse la rejoindre.

Au milieu de ce non sens perpétuel, Atalante percut une vision plus forte qui marquera de manière indélébile ce qui lui servait de mémoire.

D'un coup, la limbe disparut et une faible lueure la remplaca.
Des formes s'agencèrent devant elle, les contours s'en précisèrent de mieux en mieux.
Puis un son, un chant crèva pour un moment le cocon insonore qui l'entourait.
Et, là, apparut un homme, assis en tailleur, les mains posées sur les genoux qui entonnait l'hymne à Viracocha.
Une sérénité incroyable émanait de ce visage.
Elle voulu avancer mais ne put. Elle tenta de crier pour alerter de sa présence mais elle n'émit aucun son.
Elle banda alors désespérement toute sa volonté vers cette forme apaisée et, soudainement, avec la force d'une tempête, elle ressentit un flot d'amour submerger son âme.
Métamorphosée en Colombe, elle se posa sur le fait d'un sapin et durant de courtes heures se réchauffa de l'amour dispensée par l'homme.

Peu à peu, elle parvint à envoyer ses propres ondes de bonheurs et de joie vers l'homme assis qu'elle avait aimé et qu'elle aimait maintenant par delà la vie.



Chapitre 3
La rencontre.

Il avait fallu beaucoup d'effort à l'humain pour extraire DC de la crevasse. D'autres efforts pour trouver un endroit sur où il du trainer sa masse inerte sur un traineau de fortune.
Peu de temps après, une avalanche gigantesque avait effacée toute trace de la crevasse.
Une chape de neige, de glace et de pierres mélangées avait recouvert ce lieu consacré par le sang du cougar.
L'homme soigna et nourrit l'animal sacré.
En 2 jours et deux nuits, de graves blessures se refermèrent puis cicatrisèrent.
Les fractures se résorbaient sous l'oeil d'abord incrédule de l'humain. L'essence magique et supra naturelle de cougar manifestait la puissance de sa réalité.

Au matin du troisième jour, Cougar se leva. Les deux protagonistes se regardèrent un long moment.
Une crainte émanait de l'homme, pourtant, il fit face et parvint à soutenir le regard de DC.
Durant cette confrontation silencieuse, DC fit passer ce mot par le regard:

-Pourquoi?

Tout en intégrant ce nouveau prodige.L'humain répondit.
-On m'a dit que tu réaliserais le voeu de celui qui relèverait le défi de te vaincre et cela quel que soit le pari en question. Est ce vrai?

-J'ai mangé nombre d'érudits, de chasseurs et de chamanes émérites qui ont tentés leur chance!
Mais si tu es là pour cela, pourquoi a tu donc fuit lors de notre rencontre?


-J'ai eu peur sur l'instant. En fait, je suis venu sans trop savoir quel défi j'allais te lancer?
Seule mon ardente volonté de réaliser un certain voeu m'a guidée vers la montagne sacrée.
Mais maintenant, tu me dois la vie! Réaliseras tu mon voeu?


-Je te dois la vie?Saches que je n'avais nulle intention de t'écouter il y a trois jours de cela.
Qui te dis que je serais mort au fond de la faille. Oublierais tu ma condition? Remercie plutôt ta chance qui t'évita que je ne te croqua. Les jours de neige, on ne se présente pas devant moi, sinon pour se suicider.
Si tu comptes me défier pour obtenir l'inaccessible au commun.
Il te faudra faire plus.
Il faudra aussi mieux!
Je t'écoutes!


Toute la nuit, l'indien avait médité et il avait entre autres pensées décidé du pari qu'il pourrait soumettre à DC.
-Je t'ai vaincus à la course, et je te vaincrais de nouveau.

-Fou que tu es!
Me vaincre à la course?
A l'arrivé de cette formalité, le prix de ma victoire sera ton coeur.
En cas contraire, j'excauserais ta requête. Quelle qu'elle puisse être.
Selon la tradition, l'année prochaine, le jour anniversaire de notre première rencontre tu reviendras et alors...si tu reviens, nous concourerons selon ton désir.





Avant propos
Voici une petite nouvelle dans le genre "heroic fantasy".
Commencée au mois de juillet 2001, elle s'est construite tranquillement et possède l'avantage de réunir deux de mes centres d'intérêt, à savoir assouvir par l'écrit un besoin de création et j'ai utilisé pour cela comme fil rouge de la trame de l'histoire; la course à pied. Le chef d'oeuvre est encore loin, mais le plaisir était bien là.